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22 Apr

oh ! ma douleur ! chapitre 12

Publié par Alice  - Catégories :  #témoignages

oh ! ma douleur !  chapitre 12

Nous connaissons tous la souffrance organique. Celle de l'âme, est d'une puissance inouïe. Sur une échelle de dix, j'étais à 12. Elle était insupportable,inhumaine et mon visage la reflétait.

Je me couchais, me levais sans envie. Je ne lisais plus. Je n'écrivais plus. J étais dans un état de sidération. Je voulais absolument mourir pour la stopper. Je fonctionnais comme un robot. Quelle utilité de se laver? de manger? de parler? Ma vie n'avait plus AUCUN sens.

Je rêvais faire classe pour me réveiller dans un lit d'hôpital. Avais-je perdu tout mon bon sens?

Le docteur Kabbaj m'écoutait attentivement, me soulageait avec des potions savantes qui me faisaient dormir donc reposer mon esprit. Je l'avalais et le mur bouchant mon horizon disparaissait.

J'essayais tant bien que mal de m'organiser un semblant d'existence,poussée par le personnel médical. Je me levais et mangeais à heure fixe. Je dormais et à 16h, j'allais écouter de la musique avec un patient. Durant deux mois, voilà à quoi se résumait mon quotidien.

Je me forçais à sortir dehors. Je n'avais plus de shampoing et je ne devais compter que sur moi-même. Je traversais le pont. La pluie tombait. Je marchais mécaniquement. Si je ne venais pas en mon aide, qui le ferait?

Je pouvais compter sur une amie, une vraie, Isabelle mais d'un commun accord, je ne voulais pas qu'elle soit à mon chevet. Ma stabilité,je la gagnerai seule ou presque. Non, je ne suis pas dure avec moi-même. La maladie mentale est épuisante pour soi et pour ses proches. Il faut aussi savoir les protéger.

Par contre les coups de fil de ma famille et de mon fils me boostaient. Je ne devais pas céder aux voix de la macabre.

Ceux donnés par Françoise me divertissaient.

Chacun avait sa place pour mon retour à la raison.

Le docteur Kabbaj, en plus de la reprise du lamictal, envisageait la sismothérapie. Cette idée glaçait mon esprit déjà gelé. Comment un courant électrique allait il pouvoir me réanimer à la vie? J'ai confiance en lui mais en ce qui concerne mon cerveau, je reste méfiante.

Les jours passaient, les semaines puis les mois.

Peu à peu, avec le soutien de la chimie, des sensations réapparurent. Je ne parle pas de crises de larmes ou de rires mais de petits riens qui vous rappellent que la vie vaut la peine.

J'ai particulièrement été touchée par les visites de mon frère et de ma soeur. Ils ne m'oublaient pas.

Mi janvier, je retrouvais une attitude humaine. Je me sentais encore limitée par les barreaux de ma prison intérieure. A nouveau, je m'intéressais à l'extérieur et à la géopolitique,mon domaine de prédilection. Poutine pouvait commencer à s'inquiéter,je revenais sur le devant de la scène...

Je suivis avec attention les attentats de Paris, en me distanciant. Je lisais avec fougue. Les signes de ma réintégration dans le monde normal étaient présents.

Je sortis la fin février, le jour du départ définitif de mon psychiatre de la clinique. Désormais, j'irai le consulter dans son bureau flambant neuf,, situé en centre ville, en face de la banque de France,tout un programme.

Ce séjour m'a permis d'apprivoiser ma maladie et de l'accepter une bonne fois pour toute. Il aura fallu deux longues années pour assimiler le fait que j'étais différente. Avant je palliais à ma maladie aujourd'hui, je la soigne.

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Euthymie quand tu me tiens